Portrait 5 - Michel OZWALD

Mis à jour le 20/02/2024

Michel OZWALD

né en juillet 1932 à Saint-Quentin (Aisne)

Orphelin depuis sa naissance, il est enfant de l’Assistance publique et est élevé par une nourrice dans l’Aisne, au sein d’une famille pauvre. Il traverse ainsi la Seconde Guerre mondiale. Bon élève, il est sélectionné pour passer le diplôme d’entrée en 6e.

A 14 ans, il est placé dans une pâtisserie où il est accusé à tort de vol. Il retourne à Laon à l’Assistance publique. A l’âge de 16 ans, il travaille ensuite dans une ferme, conduisant des chevaux et labourant. A 18 ans, il s’engage dans l’armée, ce qui contrarie fortement son patron. Il part pour La Fère. Volontaire pour l’Indochine, il est dirigé sur Laon afin de signer ses documents.

Il prend la route pour Marseille, afin de faire ses classes aux Maroc. Il débarque à Casablanca, puis est dirigé sur Meknès, où stationne le 64e régiment d’artillerie d’Afrique. Il suit ensuite le peloton des élèves gradés pendant trois mois. Il sort major de sa promotion, et est envoyé à Fès pour suivre le peloton des sous-officiers, d’où il sort sergent. Il est dirigé sur le camp militaire de Fréjus, afin de suivre un stage d’acclimatation en vue de servir en Indochine. Désigné pour servir en Corée, où se bat un bataillon français de l’ONU aux côtés de la Corée du Sud et des forces des Nations Unies, il ne se battra finalement pas en Indochine.

Il rallie la Corée sur un navire norvégien, le Skaugum. En mer Méditerranée, le navire tombe en panne, saboté par des dockers communistes, et doit retourner à Marseille pour être réparé. Le bateau s’ébranle de nouveau quelques jours plus tard pour un « voyage » de 43 jours, rythmé par un règlement strict à bord. Après des escales à Alger, Port-Saïd, puis Colombo, il arrive à Saïgon. Il prend ensuite la route du Japon, et débarque à Yokohama. Il rejoint le camp Drake, et perçoit son équipement, américain. Au sein du bataillon français de l’ONU, il est rattaché au 23 régiment d’infanterie US. Après quatre jours au Japon, il rejoint la Corée par bateau. De Pusan, il prend le train, puis des camions, pour rallier le bataillon, traversant un pays dévasté par la guerre.

Artilleur, il est affecté à la compagnie d’accompagnement, tributaire des armes lourdes : mitrailleuses, mortiers de 81 millimètres, canons de 75 millimètres. Servant de mortiers, il se voit confier le poste d’observateur avancé Après une rapide formation, il monte en ligne, pour relever une unité américaine.

Il connaît la dure vie du soldat en campagne, dans le froid et les tranchées qui ne sont pas sans rappeler celles de la Grande Guerre. A cet égard, le Général Monclar – nom de guerre du Général Raoul Magrin-Vernerey, héros des deux guerres mondiales commandant le bataillon français de l’ONU en Corée – leur dit : « vous pouvez dire que vous avez fait la Guerre de 14 ».

Il n’échappe pas à la dureté des combats. Il se porte volontaire pour effectuer des coups de main dans les lignes chinoises, notamment afin de faire des prisonniers pour les interroger. Une nuit, il accompagne son lieutenant. Pris à parti par une mitrailleuse chinoise, il déclenche un tir de mortier sur la position ennemie, réduite au silence, et permet le repli de la patrouille. Cette action lui vaut sa première citation.

La vie en première ligne alterne avec la vie à l’arrière. Dans des camps de toiles de tentes, à cinq ou six kilomètres du front, les soldats peuvent se remettre en condition et réparer le matériel. Les distractions, si elles existent, sont rares. Ce quotidien, entrecoupé de deux permissions à Tokyo, dure quinze mois.

A la fin de séjour en Corée, à la demande de son capitaine, il prolonge, et reste quatre mois supplémentaires. A vingt ans et demi, il est nommé sergent-chef à titre exceptionnel. Lors de sa remise de galon, le colonel lui indique qu’il est le plus jeune sergent-chef de l’armée française.

Puis vient le temps du retour. Comme lors de leur départ, les volontaires du bataillon français de l’ONU sont « accueillis » par des manifestants, et encadrés pour leur sécurité par des gendarmes mobiles. M. Ozwald passe les trois mois de son congé de fin de campagne dans l’Aisne, chez la mère d’un ami.

A sa demande, il regagne par la suite Meknès. Il effectue des manœuvres, puis devient adjoint au commandant du peloton des élèves gradés du camp d’El Hajeb. Il est le témoin des troubles qui éclatent en 1955 au Maroc, et prend part à la sécurisation de La Medina, quartier musulman de Meknès.

Il combat ensuite dans le Rif contre les rebelles, à la limite de la frontière avec le Maroc espagnol. Son expérience du combat, acquise en Corée, est précieuse pour les appelés du contingent. Il y reçoit une nouvelle décoration, avant de prendre part aux opérations du col de Nador et de la région.

Dans la perspective de servir en Algérie, il est ensuite choisi pour effectuer le stage d’instructeur choc, et suit une formation commando à Rabat, pendant trois mois.

En mai 1958, il épouse Flora.

Il rejoint ensuite l’Algérie. Avec son groupe, il s’installe dans la zone montagneuse de l’Ouarsenis, à l’ouest d’Alger. La 5e batterie, à laquelle il est rattaché, prend ses quartiers à Miliana. Son épouse l’y rejoint. Il alterne des missions d’appui d’artillerie et d’infanterie (protection de villages pendant le élections, fouille de grottes). Il participe également à l’action d’un commando de chasse, unités menant des actions de contre-guérilla.

En 1959, à 26 ans, il rejoint l’école d’artillerie de Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne) pour préparer le concours d’entrée à l’école des officiers l’année suivante. Il n’est cependant pas dispensé de service et se retrouve chargé, en plus de la préparation de ses cours, du logement d’une promotion d’élèves officiers de réserve.

Après avoir réussi le concours, il entre en octobre 1960 à l’école d’artillerie. A sa sortie, il est affecté au 68e régiment d’artillerie, stationné à Trêves, en Allemagne. Il demande à repartir en Algérie, où l’armée française est encore présente alors que le pays est désormais indépendant. Il arrive à Oran, et rejoint le 66e groupe d’artillerie. Il participe à la récupération de harkis, pourchassés par le FLN.

Après son séjour, il regagne la métropole. Affecté au 8e régiment d’artillerie, il est dirigé sur Commercy, dans la Meuse. Sa batterie est choisie pour effectuer les premiers tirs d’obusier de 155 millimètres dont son régiment vient d’être doté. La manœuvre a lieu au camp de Suippes, dans la Marne. Il suit ensuite un stage de mise en œuvre de chaîne pyrotechnique (destruction sur le terrain d’obus défectueux) à Toul.

Après une longue attente, il est enfin admis à servir dans les troupes aéroportées, et suit les cours à l’Ecole des troupes aéroportées à Pau, où il obtient son brevet parachutiste. Il poursuit sa formation par le stage des officiers parachutistes, qui dure deux mois. Il est ensuite affecté au 35e régiment d’artillerie parachutiste à Tarbes. Dans le même temps, il entreprend le parachutisme sportif.

En 1968, il porte le drapeau du 35e RAP lors du défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées. Lors de cette journée, il rencontre le président de la République, Charles de Gaulle. A son retour au régiment, il prend le commandement de la 3e batterie.

Au terme de ses six ans de commandement au 35e RAP, il est muté au 74e régiment d’artillerie. En pleine guerre froide, il connaît la qualification du régiment en unité nucléaire opérationnelle. Au sein du club sportif du régiment, il créé une section de parachutisme sportif et pratique cette discipline au sein du para-club de Montbéliard.

De nouveau versé dans les parachutistes, il est affecté au Centre d’Instruction de préparation militaire à Lille. Il est en charge du recrutement et de la formation des futurs appelés du Nord-Pas-de-Calais, volontaires pour la Préparation militaire supérieure, la Préparation militaire Terre et la Préparation militaire parachutiste.

En 1984, il demande à bénéficier de sa retraite et part avec le grade de Colonel.

Pendant vingt ans, il œuvre ensuite à la sécurité routière.

M. Ozwald est très actif au sein des milieux associatifs, notamment auprès des anciens combattants de Corée. Il a écrit deux livres sur sa vie : un douloureux cheminement. Une pupille de l’Assistance publique raconte et Parcours d’un combattant. La revanche d’un pupille de l’Assistance publique. En 2017,il a obtenu pour ce dernier le prix Crèvecoeur de l’Association nationale des anciens et amis des forces françaises de l’ONU.

décorations :

Chevalier de la Légion d’Honneur (1983)

Médaille Militaire (1963)

Officier dans l’Ordre national du Mérite (1979)

Titulaire de quatre citations : 1 au Maroc, 2 en Corée (avec attribution de la Croix de Guerre), 1 en Algérie (avec attribution de la Croix de la Valeur Militaire)

4 Citations : 2 en Corée (Croix de Guerre), 1 en Algérie (Croix de la Valeur Militaire), 1 au Maroc

Bibliographie : Parcours d’un combattant : Un douloureux cheminement et La revanche d’un pupille de l’Assistance publique (L’Harmattan-Graveur de Mémoire)