Portrait 11 - Guy SCHNIERINGER

Mis à jour le 10/04/2024

Mr Schnieringer :

Né en juin 1943, Guy Schnieringer s’est engagé dans l’armée, par vocation et tradition familiale. Son frère avait fait l’Indochine et son père était militaire de carrière. Après 15 ans de service, il bénéficie des emplois réservés et devient chef enquêteur dans la police d’abord à Paris, puis Montbéliard et termine sa carrière à Belfort.

En 2000, il fait partie de la réserve, il est affecté à la 5ième compagnie (Cie de Réserve) du 35ième RI de Belfort. Le régiment est prévu pour une OPEX au Kosovo en janvier 2001.

Le chef de corps, le colonel DEFOUCALT, lui demande si il est intéressé pour un séjour de 4 mois, affectation à la cellule renseignement du régiment, un poste étant à pourvoir. Il a tout de suite été intéressé par cette proposition.

Le 18/01/2001, un premier contingent dont il fait partie décolle de l’aéroport Mulhouse-Bâle pour atterrir à Skopje, puis en bus jusqu’à MITROVICA à la base du régiment au Kosovo.

Une opération extérieure (OPEX) est un engagement de forces militaires projetées hors du territoire national sur un terrain de crise ou de conflit avec pour mission le maintien de la paix.

Le but de celle-ci est d’assurer et de sécuriser, garantir la liberté de mouvement, et faire cesser les violences au Kosovo entre Serbes et Kosovars. Il décide de faire cette OPEX au Kosovo de janvier à mai 2001. Les conditions de vie ne sont pas désagréables, ils sont logésdans un hôtel désaffecté mis à disposition du régiment, ou plutôt du Bataillon d’Infanterie Mécanisée (BIMECA2) faisant partie de la KFOR (Force de maintien de la paix de l’OTAN sous mandat de l’ONU au Kosovo) Il y a une salle à manger pour les repas, mais manque de chance c’est l’époque de la vache folle donc pas de viande. Il y a beaucoup de poissons en boîte (filets de maquereaux) pour les repas et des boîtes de rations. Beaucoup de repas de conserves.

Ils sont dans les chambres par deux, l’eau et l’électricité sont souvent coupées.

Lorsqu’il n’est pas de service, il dort, lit ou joue aux cartes avec d’autres cadres.

Et plus tard, ils peuvent louer des téléphones, afin d’appeler leurs familles ce qui est très important pour le moral.

Pour lui les premiers jours sont un peu durs, car les gens d’actives travaillent ensemble toute l’année, alors qu’un réserviste découvre cette nouvelle vie militaire hors de son milieu habituel, mais il est vite mis dans le bain, au bout d’une semaine avec la fonction qu’il a, il n’a pas l’ennui du tout. Bien au contraire.

En ce qui concerne la cellule renseignements, ils sortent tous les jours, en patrouille. Patrouille composée de 4 hommes : un officier, un sous-officier, un spécialiste du renseignement et un conducteur du véhicule P4 (jeep de base de l’armée française) parlant serbe. Beaucoup de contacts avec les serbes, très souvent ils accompagnent le chef de corps lors de ses réunions avec les chefs serbes en protection.

Très souvent aussi des patrouilles sont effectuées de nuit, ce qui l’a beaucoup marqué c’est les nombreuses manifestations, très violentes, et surtout l’attaque du casernement par les Kosovars où il y eut de nombreux blessés.

Un soir vers 1 heure du matin, alors qu’il vient à peine de rentrer de patrouille, le conducteur de l’équipe vient le chercher pour repartir à Mitrovica, rejoindre le colonel car des individus viennent de faire sauter 2 voitures de la police MINUK. Alors que les constatations d’usage sont en cours, ils sont pris à parti depuis l’immeuble d’en face, par des tirs de kalachnikov. Le Colonel leur donne l’ordre de retrouver les individus, mais ceux-ci ont déjà quitté les lieux à leur arrivée, de nuit, c’est très impressionnant de voir les balles traçantes autour d’eux.

Une autre fois, lors d’un contrôle à un barrage, il est bousculé ou renversé par une voiture sans plaque d’immatriculation le conducteur ne s’arrête pas, il n’a qu’une entorse.

Il y a bien d’autres anecdotes à raconter.

Son séjour au Kosovo, est très intéressant et instructif, il peut par sa fonction côtoyer des gens de divers ethnies, et surtout avoir un contact entier avec les cadres d’actives du régiment. Il souhaite d’ailleurs y retourner car il en a la possibilité, mais la limite d’âge est là, donc il nepeut pas repartir.

Il est le plus vieux sous-officier de la KFOR pendant cette OPEX.